TEMOIGNAGE 1


Quelques recherches furent nécessaires. Questions posées en milieu médical, professionnels pas informés, peut-être pas pour, ou contre pourquoi pas, en tout cas frileux. Des questions  qu’on ne pose pas, ni d’un côté ni de tous les autres, et surtout pas de réponses. Me voilà bien seul dans ma galère et pas une seule rame. Et puis cherché et encore et encore, Intouchables, films peut-être, bien vu, c’est du cinéma ou alors je regarde les Sessions, un jeune homme prisonnier de son poumon d’acier et qui plus grand que tout un monde arrive à réaliser son rêve, l’amour avant sa fin, sa faim avant le départ. Il trouve les sessions accordées par cette femme qui va l’identifier, le rassurer, l’apaiser, lui donner  un départ intime dans ses sessions avant son éternel infini.

Je me dis que le bout de ce monde-là ne doit pas être loin et je cherche, personne à l’horizon,  encore, encore ……. Et soudain, je trouve trois syllabes qui chantent à mon oreille. Rien ne coûte de risquer un appel. Mes doigts serrés sur l’appareil, une voix paisible me répond.  Aditi ?, oui c’est bien un service d’accompagnement intime, tout le monde en a besoin comme de boire et de manger ! Nous sommes là pour cela ! Je rêve, je tremble, j’hallucine, j’ai trouvé une porte et une voix qui me répond !

Un rendez-vous est pris pour l’ouverture du dossier. Mon émotion gamberge, elle fusionne, elle m’emplit, elle m’extrait. Madame vient rapidement et me propose une brève description de l’activité. Oui monsieur nous pouvons vous apporter une assistance dans certains moments de vie privée,  intime,  cachée ! Les personnes en situation de handicap ont aussi une bande d’hormones qui font la fête ou la guerre.

Quelques temps après une douce voix m’appelle et souhaite me rencontrer pour mon rêve à moi, ma faim à moi, mon accompagnement à moi.

Lorsqu’elle sonne à ma porte, mon cœur s’emballe et veut ouvrir lui-même, ma vie se crispe, mes jambes remontent en moi !  Qui se trouve là,  assistante choisie, charnelle compagne. Je ne tiens plus, j’ouvre et mes yeux plongent, ils voient, ils se cabrent, ils se mélangent, ils se mangent, elle est là devant moi !

Mille fois je l’ai dessinée, peinte dans ma tête depuis tout ce temps, elle est là, conforme à toute mon attente, le sourire au bord du cœur et son doux bisou qui me redépose sur terre. Voilà, je suis un peu tout complétement gêné, je ne sais ce que je dois faire, madame, dites-moi, vite, je crains !

Sans chanson et sans trompette je referme la porte derrière moi, derrière nous, devant vous, car ce qui se passe alors ne peut convenir qu’à mon inimité. Mais je vous dis un peu quand même :

Passé du temps à faire connaissance, à essayer, à écouter, à apaiser, elle le fait, elle connait tout ça, le mal, le bien et mon affaire. Le temps me semble infini, comment est-ce possible que cette charmante inconnue me reconstitue à ce point, me sorte de ma prison tout autant, me rectifie, me réalise, me redonne un corps, rassemble toutes mes pièces éparpillées par le mal et par le temps, elle est magicienne, elle trouve la place de chacun des morceaux de mon puzzle, elle me donne des bouts de vie, de l’unité, me refait humain, me remet debout comme un homme, elle achève ma construction,  me remet en chantier, fait chanter ma cathédrale de verre, vibrer les plumes de mes ailes. Mon masculin et mon féminin se faisaient la gueule, ils s’adorent à nouveau.

Je retrouve la vie, elle est belle et je m’y raccroche, lui ouvre mes abimes, l’accueille et l’invite. Tant d’humanité est entrée chez moi et me veut tout le bien de la vie douce. Elle a posé sur mon désert un regard de foule et de bienveillance.

Rien ne sera plus pareil, plus difficile, plus méchant. Mon âme flotte à nouveau au bord de mon cœur car je n’aurais jamais pu imaginer, dessiner un tel accompagnement, une telle aide, une chouette présence.

Vous avez trouvé mes fissures et vous y avez fait entrer la lumière. Vous m’avez réconcilié avec mon corps en pleine dignité et grand respect.

Je remercie le monde, je remercie la vie, je remercie Aditi, je suis sauvé.

TEMOIGNAGE 2


Ayant été dans l’enseignement « normal » durant mon adolescence, j’étais la seule à avoir un handicap, chose qui a déjà fait réagir les élèves et les professeurs ont alors fait appel à une association qui m’a épaulée devant toute la classe. J’aurais dû réagir et m’affirmer.
Mais à cet âge-là, 17 ans, je ne me sentais pas capable de réagir.

L’adolescence est un âge où on découvre sa sexualité.Il n’y avait pas de place pour cette découverte. j’ai fait comme si elle n’existait pas. L’école, les cours formaient déjà un assez gros bordel dans ma tête, pour y réussir, sans que la sexualité entre en jeu. mais arrivée en supérieur, la question s’est posée. Je me cherchais sur les études, sur mon futur et sur ma sexualité.

C’est alors que j’ai rencontré un gars. il ne s’est rien passé avec lui. Puis un 2eme, handicapé aussi. spinabifida.  Il utilisait ses doigts comme outil de pénétration.

C’est à ce moment-là que je me suis posée des questions sur ma sexualité.

J’ai alors fréquenté une association pour jeunes gays et lesbiennes, durant une dizaine d’années. Et, un soir où je rentrais d’une soirée à une heure tardive, j’ai été agressée et violée par 3 hommes. Cela a causé pas mal de dégâts physiques et psychologiques. Et encore actuellement, j’ai certaines séquelles de cette agression.
Puis, j’ai rejoint un groupe de femmes parlant sexualité où j’ai eu l’opportunité de tester les massages tantriques avec une femme et puis un homme, sous surveillance, attention et puis paroles. C’est là que j’ai vraiment découvert que j’étais plutôt pour les femmes.

En attendant, je n’avais toujours pas réellement été pénétrée par une femme, à part des filles d’un soir mais sans grande importance personnellement.

Et puis j’entends parler d’Aditi. Je vais à l’une de leurs conférences et puis contacte la responsable.

Je vous ai révélé mon passé pour que vous sachiez dans quel cadre, avec quelles expériences je rentre chez Aditi.

J’ai donc eu un rdv avec la responsable et puis avec l’assistante sexuelle (je l’appellerai Kim, nom d’emprunt). Ensuite, j’ai pris un rdv avec elle, pour se découvrir. ou plutôt me découvrir.

Je savais déjà que mon clitoris était un endroit excitant mais en même temps troublant parce que je ne savais pas trop si c’était réellement un orgasme ou pas. Je n’ai pas osé lui en parler…

On découvre chacune le corps de l’autre, je sens, je touche son corps, je suce ses seins.

Elle m’avait dit dès le début, pas de baiser. C’était donc clair.

On se voit 4 ou 5 fois. Elle me fait jouir. Moi aussi….
Et puis, moi, je sens que j’ai besoin d’autre chose. Je ne lui en parle pas. Ma seule faute dans toute cette histoire…

En attendant, j’avais rencontré un photographe qui désirait faire un reportage sur moi et un amant bien plus âgé que moi mais, contrairement à mes relations précédentes avec des hommes, me laissait le temps que je voulais. il n’était pas du tout pressé et me laissait le découvrir à mon rythme. Son corps mais aussi le mien.

Au plus je fréquentais ces 3 personnes, Kim au début, qui a ouvert des portes et m’a vraiment dénudée. Au sens propre comme au figuré.
Puis mon amant et le photographe, je me suis aussi découverte autrement.
Je voyais ce que voyaient ces personnes en me regardant. Je percevais la beauté, malgré ces cicatrices, de mon corps et ce poids qui pesait sur moi.
J’avais vraiment l’impression de « fleurir » pour la première fois…

…et puis j’ai rencontré une femme, avec qui je fais mon petit bout de chemin. Et à qui j’ai posé des questions sur sa sexualité. MES questions.

Une bénéficiaire d’Aditi

TEMOIGNAGE 3


Ça se passe comme ça !

La jeunesse, la vigueur, la force, le désir et l’envie, de vivre, de rire et de créer. Rien de plus normal, tout est dû, tout est acquis.

Et puis vient ce petit jour où une fatigue discrète vous étonne. Le cœur qui boite un peu. Tu te dis : ça ira mieux demain ! Et bien sûr plus rien de bizarre le lendemain. Et pourtant ton écriture est moins belle, moins souple, mais bon, pas de bile, la vie offre tant merveilles. Et on la croque à pleines dents. Le désir et l’envie de toutes les choses agréables mènent la danse.

Études, mouvements de jeunesse, vacances, stages, boulot, sports, et les amours, les bisous, le sexe, rien ne manque. On avance full options !

Et puis vient le jour maudit où tout se brise, comme un vélin fragile qui se craquelle, un membre, deux doigts, la force, la précision, mais que se passe-t-il sur mon navire ? Ma vie s’effrite, elle décline, elle me fuit, vite chez le médecin ! Il me rassure, c’est la fatigue, vous devriez vous reposer un peu ! Mais je n’ai pas envie de me reposer, de glander, j’ai une existence complète à mijoter. Et il m’assomme : Vous devez vous reposer ! Allons bon, il doit avoir raison !

Mais plus rien ne va comme avant ce jour, consultations, examens, hospitalisations, le verdict m’attend, inattendu, cruel et meurtrier derrière cette maudite porte blanche d’hôpital. Il entre lourd et grave comme un janissaire, me toise, m’interroge sur d’autres signes inquiétants peut-être ? Puis me dit : Vous êtes atteint d’une maladie neurologique invalidante, progressive et incurable, mais nous allons vous aider …

Plus rien ne va dans ma tête, le voile se déchire, un rideau de velours noir devant les yeux, je chavire, me décompose, me délite, le vivant se barre, me fait un coup vache, moi si costaud avant, je m’effondre et j’attends cette aide. Les traitements se succèdent, s’enchaînent, me détruisent, me gonflent, me déplument, m’abîment. Et puis en l’espace de quelques semaines, tout se remet en place, le bonhomme vibre, il se retape, pas trop fort ! Ce n’était donc qu’une fausse alerte !

Dans leurs dossiers j’avais pourtant jeté une ligne sévère écrite en gros caractères : maladie neurologique incurable à moins d’un peu de bric et de broc, j’étais cerné, mais je n’y croyais pas !  Un gros boulet d’acier venait de s’accrocher à mes pieds.

Passons les détails affriolants des crises successives, les pin-pon des ambulances, urgences, cortisone, perfusion, bobo, bobo, c’est très rock dans cette évolution vers le bas, une complète dévolution. Et vous vous retrouvez incarcéré dans une chaise roulante froidement métallique, moi qui adore les soyeuses rondeurs avec juste une main qui fonctionne bien, c’est la droite, ouf j’ai échappé au pire !

J’étais un chêne vert robuste qui au fil des ans perdait des parties nécessaires de son superbe feuillage, à chaque fois, il me manquait un nouveau truc ! Une jambe, une main, un bras, la vue, la parole, l’équilibre, le mouvement, et le sexe aussi, merde alors alouette ! L’envie et le désir de toutes les choses joufflues de la vie. On se retrouve écorce délicate, vide de sa sève goulue pour nourrir le reste du feuillage et de ses bourgeons poupons.

Alors que tout allait si bien, que je vivais paisiblement dans le silence mélodieux de mes organes, témoin de ma bonne santé, je me retrouvais anéanti par une pathologie immunitaire sévère. Le chagrin, le désespoir, le doute et le handicap avaient ensemble pris la totale place.

Et pour fin de phrase, la douleur, la vraie, l’aiguë, la chronique, celle qui vous tripote chaque seconde, définitive, résolue comme une pluie drue, claquante et pénétrante, qui vous laisse trempé jusqu’aux os de sa glaçante certitude à vous lessiver. Nous ne pouvons vous enlever cette douleur, mais nous pouvons vous apprendre à vivre avec, me dirent-ils. Merci beaucoup, c’est trop !

Le vivre, le plaisir, l’amour, le couple, les amis, le travail, la famille même, le corps entier et la joie d’exister, tout y passe dans cet essorage immonde, infernal, sans rémission. Je déposais devant moi les pièces restantes de mon puzzle déshonoré. Toutes les feuilles de l’arbre solide se retrouvaient là et faisaient grelotter de froid ce haut dadais tout nu.

Les années passèrent dans cet hiver brûlant de chaque instant à négocier le moindre geste, le plus infime mouvement, le pire et le meilleur et trouver les gens qui puissent m’aider à résister au temps sans m’effondrer pour de bon ou plutôt de mal. Il était urgent d’essayer de rassembler et de raccommoder les pièces de mon patchwork improbable, mais nécessaire.

Et je trouvais parfois ici, un peu de vie, là, un petit morceau d’amour, une gentille caresse, un regard, une opinion, un désir, un soupir, un livre, un facebook, un message, un sourire, passons sur tout le reste qui ne retissait jamais un canevas de vie supportable. Le chêne avait perdu ses racines et sa souche moussue et gourmande.

Et puis, de morceaux, de pièces recousues et de contacts éphémères, une conversation avec une amie me fit comprendre qu’il me manquait le lien capital qui puisse me reconstruire un peu. Le sexe, mon ami, est la santé de toute personne, me dit-elle, il fait bouger les lignes d’hormones joyeuses et impatientes qui mettent le corps et l’esprit en paix. Il faudrait que tu cherches une assistance qui te redonne cette partie perdue de ta vie ! Il y a des gens pour cela. Regarde dans les livres, dans les films.

La blessure intime est insupportable. On ne peut la tolérer pour personne et les gros tomes des lois devaient en prendre bonne note et en parler, bon sang, qu’attendent-ils ?

Google redevenait mon ami et bien vite me mit sur la piste d’Aditi. Espoir, attente, désir, jouir, toutes mes hormones se remettaient en érection. Allo Madame, pouvez-vous m’aider dans ce problème ? Et de la voix la plus douce que je n’aie jamais entendue au téléphone, voyez le contexte, elle me dit : « Nous sommes là pour vous aider, je peux vous rencontrer pour faire le point de vos souhaits et ouvrir un dossier. »

Rendez-vous pris de toute urgence, Madame Aditi entrait chez moi, je commençais à revire impatiemment, rapidement ! Charmante personne à l’écoute discrète de tous mes manques, mes recherches, mes désirs. Et je la voyais écrire délicatement dans son cahier, je pénétrais dans ses dossiers, je ne lui cachais rien. Au fond de moi rejaillissait bruyamment un espoir de vibrer à nouveau dans mes racines. Je me sentais pétiller.

Bien vite je téléphonais à la personne de son choix qui allait m’accompagner, en réalité. Le rendez-vous fut pris et me mit dans l’attente insupportable de celle qui allait entrer dans mon intimité afin de m’y guider et de m’y assister. Le jour de sa visite, je me serai bien caché dans les taillis par-delà la rigole pour voir qui allait m’approcher à ce point. Je pris patience. La vraie douleur est ce qu’il y a de plus profondément caché dans l’humain et elle allait y entrer.

Voilà un an que je suis l’heureux bénéficiaire de ce service inestimable. Il a changé ma vie. Pas de panique les amis, ces personnes sont des trésors, des cœurs de diamant, elles connaissent tout, elles ont tout appris. Elles vous inondent de bienveillance, de dignité et de respect. Elles mènent dans le bénévolat une tâche que personne n’ose tricoter.

Elles peuvent vous guider parfaitement, même cassés au pire de vous-mêmes. Elles savent parfaitement y faire. Les appareils, lèves personnes, vous mettre à l’aise, ôter vos vêtements, faire tomber les leurs et vous apporter une intense intimité. Vous faire parler, vous rassurer, vous guider dans le bien-être de votre sexualité, y joindre la leur, la partager avec vous.

Même tous les jouets de l’amour physique elles connaissent et en ont plein le cabas. Corps à corps elles vous font vibrer dans la chaleur de leur proximité, avec beaucoup d’habileté. Calmement en prenant tout le temps, elles reconstruisent votre intégrité dans un exquis moment avec vous-même. Tout détraqué que vous êtes elles vous permettent de vivre une brûlante émotion de réelle sexualité.

Nous nous connaissons de mieux en mieux, mon assistante et moi. L’habitude de l’un avec l’autre, elle connaît tous mes recoins où il existe encore un lieu qui me chavire, une douceur, une vibration.  Pas d’amour,  juste une sincère amitié nous enseigne à faire chaque fois notre lit en y respectant ses plis.

Nous nous sommes mis d’accord sur le planning de ses visites et de la petite enveloppe que je lui remets avant de partir, dernier bisou ! Chacune de ses visites me laisse grandi, apaisé, vivant, reconstruit. Elle réussit à me convaincre qu’il y aurait pour moi des lendemains et même des surlendemains à mes jours, elle m’avait relevé du caniveau.

Tu as entendu mon cri sous la glace, une flamme sincère à dorloter, à câliner comme des fleurs écloses qui font et défont le sourire de l’homme. Tu as déposé un glacis onctueux sur ma blessure qui souffrait des griffes du vivant et que ta douceur délicieuse put apaiser.

Aditi a changé ma vie, je respire, je bouge, je sors de mon immobilité définitive. Et à chaque rendez-vous je me remets mentalement debout, je me renforce, je ris, je vis, je vibre et je jouis à nouveau de cette belle vie. Je refais des projets gourmands.

Mon masculin et mon féminin n’ont jamais supporté la chaise roulante et se faisaient une guerre fratricide. Maintenant ils s’adorent à nouveau et me giclent des doses d’hormones vigoureuses dans tout mon être. C’est la santé, disait mon amie, je confirme pleinement. Des visites comme ça, le docteur devrait nous en prescrire une ordonnance pleine en caractères gras.

Merci la vie, merci mon amie, merci Aditi, merci à vous tous si excellents et délicieux à la fois et à toi qui viens de lire tout ça.

Ça se passe comme ça !